Un plan de sauvegarde pour la bibliothèque
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De l’importance d’un plan de sauvegarde des biens culturels
A quelques jours de la réouverture de Notre-Dame de Paris après 5 années de travaux, il est bon de se rappeler que nos édifices et les collections patrimoniales sont fragiles. Entre 2003 et 2021, 61 % des bibliothèques municipales classées ont été victimes de sinistres. Afin d’aider les établissements à faire face à ces situations de périls, le ministère de la culture incite actuellement fortement l’ensemble de ces bibliothèques à rédiger un Plan de Sauvegarde des Biens Culturels (PSBC).
Le PSBC est un document opérationnel conçu pour faire face, avec diligence et efficacité, à des situations de péril pour les biens d’intérêt patrimonial. Il comprend à la fois des mesures de prévention et des mesures d’urgence en cas de sinistre. L’objectif d’un plan de sauvegarde est d’éviter qu’un sinistre ne se transforme en crise : perte de documents, altération, dégradation de la situation… Bien évidemment, le plan de sauvegarde des collections s’intègre dans une opération plus large de sécurité des personnes.
Source : Wikipedia, GodefroyParis, CC BY-SA
La Bibliothèque des Facultés Loyola Paris, qui conserve de nombreux documents d’intérêt patrimonial, s’est lancée cet été dans la rédaction d’un tel plan. En effet, la bibliothèque n’a pas été épargnée depuis 50 ans : le 2 décembre 1974, au moment de l’installation de la bibliothèque, des travaux ont été effectués dans l’église St Ignace, entraînant un incendie : 12 000 ouvrages, dont certains très anciens, ont été brulés et/ou inondés et ont été jetés. Par ailleurs, dans l’ancienne bibliothèque de Grenelle, en octobre 2010, pendant des travaux également, une inondation a détruit 1240 volumes dont une centaine de livres anciens.
Source : Bibliothèque des Facultés Loyola Paris
Des mesures contre le feu, l’eau, le vol, les insectes
Comment limiter ces sinistres ou tout au moins leur impact aujourd’hui ?
Le plan de sauvegarde des Facultés Loyola Paris envisage les différents types de sinistres pouvant toucher l’établissement : incendie, dégât des eaux, inondation, vol, infestation par des insectes. Pour chaque type de sinistre, à la fois des actions préventives et des actions d’urgence sont listées et décrites.
Pour limiter le risque d’incendie par exemple, un « permis feu » va être demandé à toute entreprise effectuant, dans les Facultés, des travaux sur point chauds, c’est-à-dire qui génèrent des étincelles et une élévation de la température : soudure, perçage, meulage, découpe au chalumeau… Ce permis prévoit, entre autres, une ronde 2h après la fin des travaux. Et en cas d’incendie, des procédures opérationnelles d’urgence ont été mises au point avec les pompiers de la caserne la plus proche afin qu’ils puissent agir rapidement et efficacement.
En ce qui concerne les dégâts des eaux, là également les mesures préventives passent par la sensibilisation des prestataires sur le risque de fuite après travaux. Les mesures d’urgence, quant à elles, reposent sur la mise en place d’une filière de déménagement rapide des livres humides et mouillés dans une zone de repli et le séchage des livres à l’aide de papiers buvards et de ventilateurs.
Une évaluation des risques d’inondation a été réalisée, pour identifier le risque potentiel en cas de crue de la Seine ; les ouvrages situés en sous-sol seront tous rehaussés d’un mètre au cours de l’année.
Au sujet des vols, la sécurité a été renforcée et le processus d’alerte a été affiné : après un dépôt de plainte au commissariat, est prévue une alerte de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels et du Service central de renseignement criminel en lien avec Interpol.
Enfin, le risque d’infestations par insectes a été évalué : des photos descriptives des insectes nuisibles pour les livres et de leurs traces ont été affichées, pour la formation des bibliothécaires. Certains de ces insectes sont bien connus - poissons d’argent, blattes, termites, mites - d’autres moins – dermestes, lyctus, lasioderme, poux du livre, etc. Les photos permettent une identification et une réaction rapide avec recueil et envoi des cadavres d’insectes ou de leurs traces significatives au laboratoire de la Bibliothèque nationale de France pour analyse.
Fig 1 : Dermeste, Source Wikimedia, André Karwath aka Aka , CC BY-SA, Fig. 2 : Lyctus, Source : wikipedia, Sarefo, CC BY SA
Ce plan de sauvegarde des biens culturels n’est pas un document figé mais un document vivant, qui sera actualisé au fil des prochaines années, pour une conservation attentive des belles collections des Facultés Loyola Paris.